Retour à la chefferie pour rendre compte au roi, qui nous propose d’aller voir deux autres grottes.
Il est déjà tard (au Cameroun, le soleil se couche à 18h), mais on part quand même.
Nous abandonnons notre chasseur pour un autre guide, André dit Sop You’nwouak, « le prince qui comprend et qui écrit ». Tout un programme.
Sop You’nwouak est une grande gueule. Dès qu’on le rencontre il commence à gesticuler, exiger qu’on lui serve un bière fraiche, et à beaucoup promettre. En tout cas, il nous accompagnera au pas de course sur la plus grande grotte sacrée de Batié, Foloung. En fait, il s’agit d’un immense dalle granitique avec quelques petits abris sous roches. On expédie cela rapidement.
Puis nous nous rendons à Nka’a. Le site est en fait un amoncellement de blocs granitiques plus ou moins empilés. Sop You’nwouak nous mène au lieu de sacrifice. Il nous dit qu’au fond, il y a une rivière qui coule, mais que personne n’y est jamais allé. Je demande à entrer à l’intérieur : les quelques blocs aménagent une petite salle bien tentante. Notre prince-guide me dit qu’il n’y voit pas d’inconvénient, puisque je ne sais pas ce que je fais. Ca, c’est un bon argument : en pays Bamiléké, si tu fais quelque chose sans savoir que c’est interdit, sans connaître les règles, tu es excusé par avance.
J’entre dans la petite salle, fouille vers le haut, rampe entre deux blocs. Chauves-souris. Guano. Rien. Retour dans la salle, puis je me faufile entre les blocs, vers le bas. C’est boueux, c’est étroit, je me salis un peu. Quelques mètres plus bas, je trouve l’eau. Un bel actif parcourt cette cavité.Je me tâte. Je vais devoir me mouiller, mais on peut remonter l’actif, et ca continue ! Hop, je me mets à l’eau, au-dessus du genou. Je me retourne : le serviteur du chef vient d’arriver (il a pour ordre de me suivre partout !). Il hésite, puis entre dans l’eau comme moi. J’avance. Le niveau monte jusqu’à la taille. Au niveau d’une étroiture, il me dit que c’est la fin. Je passe l’étroiture, et continue, dans l’eau. Il me suit. Un petit pas d’escalade pour remonter au niveau des blocs et éviter une petite cascade. C’est la première vrai « ambiance spéléo » de l’expédition, je savoure. Chauves-souris en nombre, quelques cafards, guano odorant. Etroiture puis retour dans la rivière, qui se remonte jusqu’à une dernière petite cascade. D’autres chauves-souris. Je regarde René, et lui annonce qu’on fait demi-tour. Il semble soulagé : on a bien progressé sur 40m dans ces passages aquatiques et étroits. C’est court, mais au Cameroun, il est difficile de faire mieux.