On a trouvé de nombreux mégalithes dans les grassfields du Cameroun, surtout au Nord-Ouest. Personnellement, il s’agissait de la première fois que je voyais un menhir à l’Ouest, et le chef de quartier m’a dit que chaque sous-chefferie de Bangwa en possédait un.
Le jeune Roi des Bangwa, du haut de sa stature imposante, nous donne son onction d’une voix grave pour aller visiter ce haut lieu de mémoire de la chefferie Bangwa.
Accompagné du chef de quartier, nous nous rendons donc sur ce site où, durant les guerres tribales, la population venait se cacher en ces lieux, insoupçonnables pour les étrangers.
Petite virée à Yaoundé pour établir une prolongation de visa.
D’entrée de jeu, échec, car j’apprend au service d’emi-immigration qu’un visa ne se prolonge pas, et que pour établir un autre visa, il faut attendre que le premier visa se termine. Bon, je devrai donc repasser quinze jours plus tard.
Mon programme s’allège donc énormément, et j’en profite pour passer voir l’institut national de cartographie, pour mettre la main sur quelques cartes au 1/50.000 de la région où je travaille. J’avais déjà trouvé une belle carte au 1/200.000, en couleur, et bien qu’un peu vieille (1978), elle était toujours utile, car il est rare qu’une montagne ou qu’un fleuve se déplace.
Les forêt sont rares à l’Ouest. L’occupation ancienne des terres, et le dynamisme de l’agriculture Bamiléké ont transformé les anciennes forêts en champs.
Mais en traversant cette belle petite forêt (à 2200m d’altitude), je n’ai pu m’empêcher de faire quelques photos.
Sur le bord des routes, les marmites cuisent toute la journée des plats bon marché, et chacun s’arrête déjeuner sur un quart de chaise sa boule de koki accompagné de plantain, son nzap avec le fufu de maïs, son assiette de riz...
Dans les villages, en brousse, on croise parfois ces maisons en brique de terre compactée, avec des traces de mains. Rien à voir avec les grottes ornée de Bornéo, ce sont juste les enfants qui, après que le manioc ait longuement trempé, s’enduisent les mains de ce jus blanchâtre (dixit mon guide).
J’ai souvent pensé allé voir ce site. Mais comme il fallait être accompagné, je redoutais d’avoir trop de difficultés. Or, parlant de mon projet à un ami, il me dit : « Si tu parles de grottes à l’Ouest, il ne faut pas que tu manques le plus grand site de l’Ouest. Fovu. »
Tout le monde au Cameroun connaît le Fovu de Baham.
Fovu de Baham, c’est comme l’Aigle de Dschang, Le Tonnerre de Yaoundé ou le Mont Cameroun de Buea, c’est le nom de l’équipe de football locale. Mais plus que ça, Fovu, c’est l’un des lieux les plus sacré de l’Ouest. Les populations font des pèlerinages pour venir à Fovu se faire bénir, faire des offrandes, ou voir un Kemsi.
Et mon ami de préciser : « tu sais Olivier, mon grand-père est le gardien de Fovu. Il s’occupait de Fovu avant que le premier roi des Baham n’arrive. » (grand-père est à prendre au sens large, au sens d’aïeul).
J’accompagne ce jour-là deux étudiantes qui faisaient un inventaire du patrimoine et nous partons au lac Baleng, un joli petit lac de cratère.
La route est barrée, et nous nous engageons, sous le soleil de 14h, pour une petite marche à travers les champs de maïs. Nous sommes dans la plaine du Noun, et les cratères sont nombreux, témoins d’une activité volcanique intense. Nous entrons dans une forêt d’eucalyptus, qui se développe à l’intérieur de l’enceinte du volcan, et la pente nous mène doucement au bord du lac vert, de forme circulaire.
Lors des sacrifices, des offrandes et des rites, on doit aller voir le sorcier qui nous dit ce qu’il faut amener pour que la cérémonie puisse avoir lieu. On dépose alors toutes sortes d’épices, d’écorces, de racines, de graines, de poudres, afin que les forces en présence soient contentes.